En marge du 60ème Salon international de l’agriculture, le président de la République a reçu à l’Elysée le 28 février dernier, élus et acteurs du monde agricole ultramarin. L’occasion de rappeler les enjeux majeurs des Outre-mer : les aléas climatiques, renouveler les générations d’agriculteurs et mener à bien les plans de souveraineté alimentaire.
La force de la souveraineté alimentaire française passe tout autant par l’hexagone que par les Outre-mer, confrontés à des défis parfois encore plus importants. C’est ce qu’a rappelé Emmanuel Macron le 28 février dernier. En marge du 60e Salon international de l’agriculture (SIA), le Président de la République réunissait à l’Élysée 350 élus et acteurs du monde agricole des Outre-mer.
En complément de ses annonces lors de sa visite du Salon international de l’agriculture sur les clauses miroirs, la simplification, la mobilisation européenne, la rémunération des éleveurs et les particularismes agricoles, le Président de la République a insisté sur trois enjeux majeurs pour nos Outre-mer : faire face aux aléas climatiques, renouveler les générations d’agriculteurs et mener à bien les plans de souveraineté et d’autonomie alimentaire.
Le Président de la République a en effet d’abord avancé que face aux aléas climatiques et aux catastrophes, il est fondamental de mieux protéger les exploitations et les modèles agricoles ultramarins. Pour faciliter les dispositifs d’indemnisation actuels, les crédits du fonds de secours ont été augmentés de 20 % ces dernières années. « « A chaque catastrophe, l’État est là pour indemniser » a-t-il assuré, citant l’exemple du passage du cyclone Belal à La Réunion dont le montant des dégâts est estimé à une dizaine de millions d’euros. « Nous allons accélérer très fortement l’intervention du fonds de secours pour les Outre-mer », a-t-il insisté » rapportent nos confrères d’Outremers 360. Pour aller plus loin encore, afin de mieux couvrir les risques et élargir notre système de protection, le Président de la République a annoncé que la gestion des risques dans les Outre-mer sera renforcée pour les exploitants ultramarins. Ainsi, une ordonnance passée le même jour au Conseil des ministres devrait permettre d’ouvrir le dispositif de l’assurance-récolte dans les Outre-mer, en l’adaptant. « Le dispositif de l’assurance-récolte repose sur un partage équitable du risque entre l’État, les agriculteurs et les entreprises d’assurance. Il s’agit d’une assurance subventionnée qui correspond à l’intervention de droit commun du fonds national de gestion des risques en agriculture », détaille le compte-rendu du Conseil des ministres. « L’objectif est d’accompagner le développement de l’assurance agricole Outre-mer. Pour ce faire, il est prévu de compléter cette ordonnance par une expérimentation qui permettra également d’introduire un niveau d’indemnisation majoré, qui existe pour l’hexagone dans le cadre du FNGRA, en cas de calamité » ajoute-t-on. « Il s’agit concrètement de proposer une assurance agricole qui permettra aux exploitants agricoles ultramarins d’y devenir éligibles. Et cette réforme devra se déployer d’ici à la fin de l’année pour permettre justement d’adapter complètement notre modèle et mieux vous accompagner » a résumé le chef de l’État, toujours cité par Outremers360.
Ensuite, pour produire plus et mieux, Emmanuel Macron a souligné la nécessité de renouveler les générations d’agriculteurs et de renforcer l’attractivité des métiers. « Le projet de loi d’orientation agricole, qui sera soumis au Conseil des ministres au mois de mars, permettra de répondre à cet enjeu avec des mesures pour faciliter l’installation des agriculteurs et la transmissions des exploitations » assure le gouvernement dans un communiqué. En complément, le Président de la République, a annoncé, pour la Nouvelle-Calédonie, la construction d’un nouveau lycée agricole sur la commune de La Foa et une aide à l’installation des jeunes agriculteurs. Des solutions concrètes de cet ordre devront être identifiées et déployées dans tous les territoires en prenant en compte les spécificités locales pour atteindre nos objectifs.
Enfin, pour renforcer la force productive des territoires ultramarins et atteindre la souveraineté agricole, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de mener à bien les plans de souveraineté et d’autonomie alimentaire qui ont été élaborés dans les cinq départements et régions d’Outre-mer au cours de l’année 2023.
Pour accélérer leur déploiement, l’État a augmenté les crédits alloués à cet objectif de 45M€ à 60M€ dans le cadre du PLF 2024. « Cet effort de financement des plans d’autonomie alimentaire, réparti entre les filières et l’État, sera poursuivi via une réforme en profondeur des dispositifs de financement. Parallèlement, pour soutenir les petites exploitations les plus en difficultés, le Président a annoncé un soutien à la trésorerie des exploitations via les établissements bancaires et, pour les planteurs de banane, des aides de trésorerie via une nouvelle enveloppe de 11M€ » annonce le gouvernement.
Et d’ajouter que le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, et la ministre déléguée chargée des Outre-mer, Marie Guévenoux, s’attelleront à la mise en œuvre de ces annonces importantes en faveur du monde agricole ultramarin.
Rénovation du fonds de garantie en faveur de l’agriculture et de la pêche
Parallèlement à cette réunion, la veille, mardi 27 février, et toujours à l’occasion du salon international de l’agriculture, Olivier Jacob, préfet, directeur général des outre-mer, et Laurent Fakhoury, directeur adjoint du département Trois océans de l’Agence française de développement (AFD), ont concrétisé, en présence de Mohammed Saker, directeur du marketing professionnel au sein du Groupe BRED, les travaux menés sur la rénovation du fonds de garantie en faveur de l’agriculture et de la pêche (FOGAP).
« Déployé depuis 2010 par le ministère avec l’appui de l’AFD, le fonds de garantie en faveur de l’agriculture et de la pêche (FOGAP) permet de faciliter l’accès au crédit bancaire des PME en outre-mer du secteur agricole, de la pêche, de l’aquaculture et de la sylviculture grâce à une garantie publique délivrée aux banques qui accompagnent leurs clients en matière d’investissements ou de préfinancement des subventions communautaires. Depuis sa création, le fonds de garantiea permis de soutenir plus de 200 exploitants » explique le Ministère de l’Intérieur et des Outre-mer.
Ces prêts sont destinés à financer les projets d’installation ou de développement, dans le cadre d’une activité relevant des filières de diversification mais également des filières banane et canne-sucre-rhum. Ces financements doivent correspondre à des prêts à court terme destinés à préfinancer la subvention d’investissement ou la subvention d’exploitation accompagnant le dispositif d’appui public. Mais aussi et ou bien, à un prêt à moyen ou long terme destiné à financer la part non subventionnée du projet (hors apport personnel le cas échéant) dans le cadre d’un programme d’investissement.
Un 4e avenant à la convention initiale a ainsi été signé. Parmi les principales évolutions il prévoit d’une part l’augmentation de la durée de la garantie de 9 à 15 ans pour permettre une adéquation avec la durée des crédits accordés par les banques. D’autre part, le rehaussement du plafond d’encours garanti de 300 000 € à 600 000 € à titre individuel. Également, l’accroissement du montant maximal de garantie à 800 000 € pour les jeunes agriculteurs et les nouveaux installés. Mais aussi, l’élargissement des investissements éligibles (le concours bancaire pouvant notamment être sollicité dans le cadre d’une nouvelle installation, du renouvellement de matériel, de nouveaux investissements, d’aménagements en faveur de l’irrigation ou du foncier ou d’une transmission d’exploitation). Ainsi que l’ouverture aux entreprises de transformation en lien avec les objectifs des plans de souveraineté alimentaire ; et encore l’extension du dispositif aux secteurs de la banane et canne à sucre. Et enfin, une plus grande délégation aux banques.