Dans une récente analyse, l’INSEE Guadeloupe a calculé le taux de pérennité des entreprises créées par des femmes, passé le cap des 3 ans d’existence. Il en ressort que 8 entreprises sur 10 étaient encore actives en 2021, malgré l’impact de la crise sanitaire, un chiffre similaire à celui de leurs homologues masculins. Le statut de l’entreprise, l’expérience de l’entrepreneuse, l’investissement réalisé et les actions commerciales menées jouent un rôle important dans la pérennité de l’entreprise. Alors que l’appui ou l’entourage entrepreneurial n’ont pas vraiment d’impact.
En 2018, 4.008 entreprises ont été créées, dont 37% par des femmes. En 2021, 83% des entreprises créées par des entrepreneuses avaient passé le cap des 3 années d’activité (86% pour les hommes). 27% des entreprises créées par des femmes étaient issues du commerce, 16% dans l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale et 15% dans l’hébergement-restauration. En 2021, le taux de pérennité était plus élevé dans l’hébergement-restauration (95%), suivi par l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale (85%). “Avant la création de leur entreprise, 55% de ces femmes avaient un emploi et 22% étaient au chômage. Le taux de pérennité est plus élevé chez les femmes ayant occupé un emploi (87% contre 83% pour les femmes au chômage).
La première motivation des femmes pour créer une entreprise est le souhait d’être indépendante, pour 62% des créatrices. Viennent ensuite le goût d’entreprendre ou le désir d’affronter de nouveaux défis (40%) et la perspective d’augmenter ses revenus (25%). Enfin, pour 22% des créatrices, le choix a été guidé par la création de leur propre emploi”, indique le rapport de l’INSEE. Un parcours semé d’embûches, puisque 9 créatrices d’entreprises sur 10 ont rencontré des difficultés pour mener à bien leur projet. Le règlement des formalités administratives représente la principale difficulté (47%), suivi par l’obtention d’un financement (25%). “Pour démarrer leur activité, 64% des créatrices d’entreprise ont débuté avec moins de 8.000 euros pour financer leur projet. Sept créatrices sur dix n’ont recours à aucune source de financement, en dehors de leurs ressources personnelles. Parmi celles qui en ont eu recours, 16% ont contracté au moins un emprunt bancaire au titre de l’entreprise. Pourtant, le taux de pérennité de l’entreprise croît avec les moyens financiers engagés au démarrage de l’activité : il est de 84% après trois ans lorsque les créatrices ont pu engager plus de 8.000 euros, contre 79% lorsqu’elles ont démarré sans aucun moyen financier”, établit le document. Un quart des entrepreneuses ont bénéficié d’au moins un dispositif d’aide à la création (aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprise généralement). “Toutefois, bénéficier d’un dispositif d’aide n’influe pas sur le taux de pérennité à 3 ans des entreprises : il reste stable à 83% pour les femmes et 86% pour les hommes, avec ou sans aide”, précise l’INSEE. Les facteurs de pérennité des entreprises reposent sur le fait que l’activité soit en lien avec le métier de la créatrice (85%, 82% quand elle diffère), sur l’expérience de l’entrepreneuse (86% contre 80% pour les moins expérimentées). Le statut juridique a son importance, 2 entreprises sur 3 sont individuelles et 88% sont encore actives (contre 73% chez les hommes). Le taux de pérennité à 3 ans s’élève à 89% pour les plus 50 ans et plus, soit 14 points de plus que pour les moins de 30 ans et il est plus faible pour les femmes seules (78%) que pour les femmes en couple avec enfant à charge (86%). Le niveau de formation semble peser négativement, 91% des créatrices non diplômées passent les 3 ans, contre 83% des détentrices du bac ou d’un diplôme supérieur. De même que pour les formations le taux de pérennité est de 78% pour les créatrices qui ont suivi une formation particulière, contre 86% pour celles qui n’en ont pas suivi.
84% des entrepreneuses qui bénéficient d’un entourage entrepreneurial passent le cap des 3 ans, contre 82% pour celles qui n’en ont pas. De même que 80% des créatrices bénéficient d’un appui pour monter leur projet, “principalement de leur entourage personnel, alors que 20% n’ont aucun appui. Cependant, dans les deux cas, le taux de pérennité est de 83%”, peut-on lire. À savoir que les trois quart des entreprises ont fait face à des difficultés financières durant la crise Covid. “Parmi celles créées par des femmes et encore actives en novembre 2021, 69% déclarent avoir subi une chute d’activité liée à cette crise contre 68% pour les hommes. Du fait de la baisse de leur activité, 75% ont rencontré des difficultés financières (soit 11 points de plus que les hommes) et 28% un manque de débouchés (15 points de moins que les hommes). Face aux difficultés financières, 64% des entreprises pérennes créées par des femmes ont eu recours à l’un des dispositifs d’aide mis en place lors de la crise sanitaire, soit un point de moins que les hommes”, expose le rapport.