Le 8 octobre dernier, le Sénat a adopté un rapport de la délégation aux droits des femmes sur les femmes sans abri en France. Un phénomène en augmentation notamment depuis la crise sanitaire, qui touche également la Guadeloupe, où 139 femmes sans abri ont été accompagnées en 2023. L’objectif de la délégation est de mieux connaître et de repérer ces femmes, afin de leur assurer une solution d’hébergement sécuritaire, 22 propositions ont été formulées.

Le nombre de sans-abri a doublé en 10 ans en France, pour atteindre 330.000, dont 120.000 femmes. La délégation aux droits des femmes du Sénat à l’origine du rapport d’information sur les femmes sans domicile adopté le 8 octobre dernier, a organisé une table ronde pour répondre à cette problématique Outre-mer.

En Guadeloupe, le Samu social a accompagné 139 femmes en 2023 “soit 18 % de sa file active. Il s’agit en moyenne de femmes de 35 à 40 ans, mais certaines sont également âgées de plus de 60 ans”, établit le rapport. Le phénomène des femmes dans la rue dans l’archipel est “relativement récent, mais plus visible depuis la crise sanitaire du Covid-19”, d’après Lucette Faillot, directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité de la Guadeloupe. “Ces femmes sont généralement peu demandeuses et se tiennent en retrait”, selon Malika Fiscal, responsable des équipes du Samu social de la Guadeloupe. Des femmes qui cumulent “des problématiques d’addictions et de santé mentale qui entravent leur orientation vers les dispositifs de droit commun”, poursuit le document. “En outre, en 2023, le SIAO de Guadeloupe a mis à l’abri et accompagné 113 femmes victimes de violences, seules ou avec enfants. Kessy Chenilco, responsable du SIAO-115 de la Guadeloupe et de Saint-Martin, relevait cependant, lors de son audition, la difficulté des victimes à signaler leur situation et leur peur d’intégrer les dispositifs du SIAO. Selon les données de la préfecture, l’île compte aujourd’hui quarante-cinq places d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violence et 125 places d’hébergement classique”, indique le rapport.

Propositions

Afin d’enrayer ce phénomène, la délégation a formulé dans son rapport 22 propositions. Parmi elles, les rapporteures estiment important de systématiser les analyses genrées et le questionnement des violences subies par les femmes sans abri. Elles souhaitent également attribuer à l’État la responsabilité de l’hébergement des femmes enceintes et des mères isolées, de créer 10.000 places d’hébergement supplémentaires et d’améliorer la qualité de l’offre d’hébergement transformant des nuitées hôtelières en places pérennes et en développant les places adaptées aux femmes et aux familles, avec en particulier : “davantage de places non mixtes pour les femmes isolées ; des places adaptées à toutes les configurations familiales, préservant l’unité familiale ; des lieux permettant de cuisiner, de disposer d’une intimité et d’accueillir des enfants”, établit le rapport.

Le rapport recommande également de faciliter l’accès au logement (accroître la construction, critères prioritaires pour les femmes seules et mères isolées, donner aux bailleurs sociaux les moyens d’identifier ces publics fragilisés, renforcer les programmes spécialisés d’accès direct au logement), d’accompagner les femmes dans l’accès aux droits en améliorant la détection, en mobilisant les préfets pour développer les parcours de sortie de prostitution pour les femmes étrangères en situation irrégulière, victimes de réseaux de traite des êtres humains et de prostitution, et porter la durée de l’autorisation provisoire de séjour, accordée en cas de PSP, de six mois à un an. De créer au sein des préfectures, un guichet unique dédié au traitement des demandes de délivrance ou de renouvellement de titres de séjour déposées par des femmes étrangères isolées et sans domicile. Il est également recommandé de faciliter l’accès aux services du quotidien et aux démarches administratives, de développer le statut de travailleur social, de développer la formation continue et enfin de renforcer les soutiens financiers aux associations.