L’Observatoire de l’eau de Guadeloupe vient de publier les chiffres clés de l’eau et de l’assainissement pour l’année 2022. Volumes d’eau prélevés en milieu naturel, contrôles sanitaires, travaux… Si les niveaux d’assainissement s’améliorent, le taux de perte en eau potable est toujours considérable. Cette année-là, 68% des volumes d’eau prélevés ont été perdus.

En 2022, 109,5 milliards de mètres cubes d’eau ont été déclarés prélevés à l’échelle de la Guadeloupe, d’après les chiffres de l’Observatoire de l’eau de Guadeloupe, qui est un service de l’Office de l’eau de Guadeloupe, dont la mise en place à été cofinancée par l’Office français de la biodiversité.

Des prélèvements d’eau dans le milieu naturel qui ont augmenté sur les huit années précédentes, de l’ordre de 2% par an en jusqu’en 2018, avant d’atteindre progressivement les 6% entre 2019 et 2021. “Cette augmentation est la conséquence de deux phénomènes : l’augmentation des prélèvements pour la production d’eau potable, pour laquelle des volumes d’eau supplémentaires sont prélevés pour tenter de compenser les pertes d’un réseau de distribution défaillant, l’augmentation des prélèvements pour l’irrigation, suite aux extensions de réseaux réalisées et aux différentes sécheresses qui se sont succédées ces dernières années”, établit l’Observatoire qui note toutefois que les prélèvements sont en léger recul en 2022 (-2,4 M m3 pour l’irrigation, mais +1,8 M m3 pour l’alimentation en eau potable.

Notée sur 120 points, la performance du réseau de Guadeloupe se stabilise à 39. Elle était de 37 points en 2020 et de 31 points durant les 2 années précédentes, la moyenne au niveau national en 2022 a elle été évaluée à 103 points.

Sur les 89,7 Mm3 d’eau prélevés pour l’alimentation en eau potable, 80,9 Mm3 ont été potabilisés et mis en distribution sur l’ensemble de l’archipel. Mais sur ce volume, seuls 32% de l’eau (25,6 Mm3) ont été comptabilisés comme consommés par la population, soit 68% de perte. Des pertes qui s’expliquent par les nombreuses fuites, la vétusté de certains compteurs et l’existence de “piquages clandestins” sur le réseau, d’après l’Observatoire. “Il est à noter que près de 90% des fuites détectées sont localisées sur des branchements (problématique généralisée sur l’ensemble du territoire). Plus de 20% de ces fuites sont localisées chez les usagers. Ces volumes étant perdus après compteurs, ils ne sont pas comptabilisés dans le volume de perte. En 2022, le taux de perte moyen à l’échelle de la Guadeloupe a fortement augmenté (+ 6,6 points) par rapport à l’année précédente, en atteignant 68,3% (ce taux était de 61,7% en 2021, et de 60,4% en 2020)”, peut-on lire. En 2022, 4.138 fuites ont été réparées.

Contrôles et assainissement

Par rapport à 2021, le nombre de contrôles sanitaires réalisés en 2022 par l’Agence régionale de Santé a augmenté de 25%, “en lien avec l’intensification du contrôle sanitaire réalisé sur la fin d’année, suite au passage de la tempête Fiona”, précise l’Observatoire. Le nombre de dépassements constatés pour la turbidité était de 42 sur 336 prélèvements (12,5%), pour l’aluminium de 25 sur 122 prélèvements (20,%), d’un dépassement pour la chlordécone et de 2 pour les pesticides. “Globalement, à l’échelle de la Guadeloupe, la qualité de l’eau du robinet en 2022 peut être considérée comme bonne puisque 98% des eaux respectent les limites et références de qualité pour les bactéries (Escherichia coli, entérocoques, coliformes et bactéries sulfito-réductrices). En 2021, 97,9% des eaux les respectaient. Elles étaient 97,5% en 2020, 96,6% en 2019 et 91% en 2018”, indique l’étude.

Concernant l’assainissement, l’Observatoire relève une amélioration notable en 2022 (≥ 2 000 EH en conformité réglementaire). “Par rapport à l’année précédente, 4 d’entre eux ont été mis en conformité, notamment à Sainte-Anne et à Trois Rivières, où les stations ont fait l’objet de travaux sur les équipements. Ainsi, il n’y a plus que 56 % de ces systèmes qui restent en non-conformité réglementaire en 2022, alors que ce pourcentage atteignait 78% en 2021”, établit l’Observatoire.